Madame le Recteur, Mesdames et Messieurs,
Tout d’abord, la CGT ÉDUC’ACTION BRETAGNE, voulait profiter de cet instant pour vous souhaiter, madame le Recteur, la bienvenue en nos chaleureuses terres bretonnes qui, nous l’espérons, ne vous feront pas regretter la région occitane ensoleillée et en ces temps de réchauffement climatique très préoccupant ne terniront pas le dialogue social auquel nous tenons tant dans notre académie et dont la poursuite ne devant pas se mesurer à la température locale.
En ces temps révolutionnaires…coperniciens, nous voulions saluer ici le travail émérite de tous les personnels des services du Rectorat toujours disponibles remettant sans cesse sur le métier leur l’ouvrage pour nous dispenser à temps de documents de qualité. Gageons que la mise en place du CAP 2022 (Comité d’Action Publique pour 2022), programmant la casse prochaine de la Fonction Publique, par la suppression de 200 emplois administratifs à la rentrée 2018 et dont notre académie ne sera pas épargnée, n’affectera pas davantage les conditions de travail de nos collègues.
Le 1er février dernier, le gouvernement a franchi un nouveau cap. En préconisant un plan de départ volontaire pour accompagner les abandons de missions et les nouvelles suppressions d’emplois envisagées, le recours accru au non-titulariat et à la précarité, l’extension du salaire «au mérite» et donc de la rémunération accessoire et discriminante, la diminution des instances de représentation du personnel, c’est à une nouvelle attaque à laquelle se livrent Édouard Philippe et Gérald Darmanin.
- Pour les agents de la Fonction Publique, l’annonce de supprimer 120 000 postes de fonctionnaires est bel et bien la promesse d’une nouvelle dégradation de nos conditions de travail et de notre pouvoir d’achat : surcharge de travail, heures supplémentaires non rémunérées, congés non pris, stress et santé en danger, voilà la conséquence directe des suppressions de poste sur le terrain.
- Pour les usagers, cela signifie aussi une très nette dégradation du service public qui se traduit déjà sur le terrain par des fusions d’académies, des mutualisations de services, des abandons de missions, et un recours accru à des personnels précaires souvent formés sur le tas et payés au lance-pierre.
Depuis 2010, la perte cumulée de pouvoir d’achat du point d’indice par rapport à l’inflation s’élève à près de 6%. Ni la faible augmentation de la valeur du point d’indice , pas plus que la pseudo refonte des carrières, n’ont répondu aux revendications salariales.
C’est pourquoi la CGT se félicite de ne pas avoir signé le protocole PPCR dont les effets immédiats dès son application pour les personnels furent une baisse nette de leur salaire en janvier dernier sans compter les maigres augmentations promises et repoussées d’une année.
Parallèlement, le gouvernement a restauré le jour de carence pour les Fonctionnaires et l’indemnité censée compenser la hausse de la CSG ne sera plus revalorisée à partir de 2019, induisant une nouvelle baisse du salaire net.
De plus,nous ne pouvons cautionner l‘introduction du travail au mérite, comme le dispositif RIFSEEP déjà existant pour certains agents, qui deviendrait de facto la norme d’une rémunération individuelle. C’est une fois de plus, chercher à diviser les personnels entre eux, créant ainsi un système de compétitions entre établissements du public digne des politiques de gestion d’entreprises.
Cela aurait aussi pour effet d’établir une école à deux vitesses, triant les élèves issu-e-s des classes populaires, dont on devine d’ores et déjà leur futur professionnel programmé très tôt dans leur scolarité s’arrêtant pour bon nombre d’entre elles et eux à ParcourSup !
L’École ne doit pas faire les frais de l’accélération des réformes budgétisées à moyens constants par les gouvernances successives dont on attend toujours les bilans prouvant leur réel efficacité. Aussi, peut-être pourrez-vous, Madame le Recteur, profiter de cette instance pour nous faire part des avancées de l’expérimentation Profan dans notre académie ?
Vous pourrez peut-être également nous dire deux mots du rapport remis le 22 février dernier sur la Rénovation de la voie professionnelle ? Celui-ci nourrit de nombreuses conversations dans les salles des professeurs de Lycées Professionnels. On savait que les gouvernements cherchent depuis longtemps le moyen d’adosser la formation professionnelle publique aux bassins d’emplois. On ne savait pas comment cela se ferait, compte-tenu du fait que l’apprentissage, notamment dans notre Académie, ne fait pas florès. Et bien ça y est : Mme Calvez et M. Marcon, sous la houlette de notre Ministre, viennent de trouver 9 leviers pour détruire définitivement tout ce que les enseignant-e-s tentent de construire chez nos élèves. On peut désormais oublier Camus, Maupassant et Reza, on peut se passer de développer chez eux la curiosité intellectuelle, et au contraire s’atteler à mettre les disciplines générales au service des disciplines professionnelles.
Ainsi, nous formerons de bons techniciens, sans culture ni esprit critique, qui seront recrutés uniquement sur un territoire restreint où ils auront développé, grâce à ProFan, des « compétences nouvelles pour répondre aux exigences des métiers futurs ». Encore une idée de chercheurs qui prennent les enseignants et les élèves de LP pour des rats de laboratoire, qu’on observe à la loupe mais de façon secrète, pour en sortir un bilan qui, à n’en pas douter, ne nous satisfera pas. Si les chercheurs veulent venir dans nos cours, en revanche, ils sont les bienvenus !
Sachez que nous ne sommes pas dupes, et que la CGT Éduc’action continuera à dénoncer l’attitude qui consiste à limiter les mobilités sociales et géographiques des lycéens professionnels.
Dans la même optique, nous demandons l’ouverture d’UPI2A permettant d’accueillir au sein de nos établissements des élèves allophones, plutôt que de les envoyer de façon de plus en plus systématique vers les MLDS, ce qui a pour effet de vider les LP.
Ce qui est sûr, c’est que nous continuons à mesurer les effets néfastes de toutes ces réformes dans nos territoires avec les fermetures d’écoles, de collèges et de lycée professionnel, comme récemment à Plouhinec.
Les signes avant-coureurs d’une politique de casse des conquis sociaux obtenus depuis le CNR, dont la SNCF serait le premier symbole national à faire tomber, ouvriront la voie à une ultra libéralisation de l’Éducation dans notre pays.
En attendant le Big Bang social promis par nos gouvernants, la CGT reste attachée plus que jamais au respect des droits des salarié-e-s même si ceux-ci sont mis à mal depuis la loi Travail , et veillera à ce qu’ils/elles puissent continuer à exercer leur mandat syndical sans que ceux-ci ne soient remis en cause par certains chefs d’établissement de notre académie depuis cette rentrée scolaire notamment.
Enfin, pour toutes ces raisons, la CGT ÉDUC’ACTION BRETAGNE sera mobilisée demain – 22 mars – avec l’ensemble des personnels en grève des 3 fonctions publiques pour infléchir ces politiques libérales néfastes et pour qu’une vraie et réelle École émancipatrice pour les citoyen-ne-s en devenir voit enfin le jour dans notre pays.
Merci de votre attention.