Non aux suppressions de postes de profs-docs en Bretagne

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Lettre ouverte au recteur de l’académie de Rennes

 

Quimper, Brest, Rennes, St Brieuc, Vannes le 14 avril 2020

Monsieur le Recteur,

A la rentrée 2020, la suppression de 11,75 postes de professeur.es documentalistes est annoncée en Bretagne dans l’Enseignement privé catholique sous contrat avec l’État. Pour les années qui viennent, ce réseau prévoit d’ores et déjà d’en supprimer d’autres.

Dans l’ensemble de la profession, la sidération est à la mesure de l’incompréhension. Le 7 janvier dernier dans le Finistère, Monsieur Le Magoarou, IA-IPR Etablissements et vie scolaire, rappelant la circulaire 2017-051 du 28 mars 2017, confirmait l’importance des missions, de l’expertise en EMI des professeur·es documentalistes au sein des établissements. Quelques jours plus tard, l’annonce de suppressions tombait.

Dans un premier temps, nous ne pouvons que regretter le peu de communication et de transparence sur cette décision unilatérale. Les professeur·es documentalistes – premier·es concerné·es – ont dû insister pour obtenir un minimum d’informations sur ces suppressions.

Rien n’indique aujourd’hui comment s’organisera concrètement la rentrée prochaine : travailler avec un poste ou un demi-poste de professeur documentaliste en moins dans un établissement ne s’improvise pas. Qui assumera la surcharge de travail induite ? Comment monter des projets dans ces conditions ?

Alors que le temps manque déjà pour remplir toutes les tâches qui leur incombent, ces professeur·es devraient se démultiplier sur différents sites pour des quarts ou des demi-postes ? Comment s’investir à temps partiel dans un établissement, une équipe pédagogique, y exercer ses missions quand le travail, lui, ne diminue pas ?

Victimes collatérales, non négligeables : que deviendront les collègues précaires qui, depuis des années, assument consciencieusement les tâches nécessaires au bon fonctionnement des établissements ?

Non, Monsieur le Recteur, les professeur·es documentalistes ne sont pas en surnombre dans l’Enseignement privé ! Arguer d’un H/E inférieur dans l’Enseignement public est un faux argument qui ne peut être éternellement utilisé par un réseau contre l’autre, une académie contre une autre, établissements urbains contre établissements ruraux… Ce calcul devrait plutôt logiquement conduire à augmenter le nombre de professeur·es dans les établissements publics bretons. Nous nous affirmons d’ailleurs solidaires de leurs demandes de création de postes.

Vous le savez, un CDI sans professeur·e documentaliste ne présente que peu d’intérêt. Les élèves – particulièrement  les plus en difficulté – ont besoin de professionnel·les formé·es pour les accompagner dans leurs apprentissages. Le contexte actuel met cruellement en évidence l’importance de l’enseignement   en présentiel.

Dans notre société de l’information, les jeunes scolarisés ont besoin d’être éduqués, guidés entre les tentations d’infox, de désinformation, de complotisme … notions que les équipes pédagogiques doivent  aborder au quotidien pour l’acquisition d’une culture de l’information et des médias.

Au sein de ces équipes pédagogiques, les professeur·es documentalistes sont justement les garant·es d’une formation de qualité afin que les élèves deviennent des citoyen·nes numériquement augmenté·es, à l’esprit critique développé.

Sous quel motif peut-on vouloir se passer de leurs compétences alors que, confiné·es, nombre   d’enseignant.e.s  apprécient le partenariat non négligeable que représentent les professeur·es documentalistes, même hors du CDI, dans l’accès aux connaissances ?

Les professeur·es documentalistes  sont, à l’évidence, un maillon essentiel dans la lutte contre les inégalités : fracture numérique, accès à la culture dans des territoires parfois éloignés, géographiquement  et / ou socialement, des médiathèques, théâtres, cinémas, musées, …

Nous ne pouvons croire que cette décision ne soit qu’un prétexte pour appliquer une rigueur budgétaire sur le mode « Toujours faire plus avec moins de moyens » : cette stratégie démontre aujourd’hui, clairement,  au mieux son inefficacité, au pire sa dangerosité.

Au sortir de la crise inédite et profonde que nous vivons actuellement, il sera urgent de réajuster les priorités de la société, notamment au sein de l’Éducation nationale et du Rectorat de Rennes pour ce qui nous concerne.

Considérant tout ce que nous venons d’évoquer, nous portons donc collectivement notre demande de revenir au plus vite sur la décision de supprimer des postes de professeur·es documentalistes.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Recteur, en l’expression de nos meilleurs sentiments.

Johanne HERRY pour l'APDEP Bretagne
Albine BELINGER, Loïc KERIVEL pour le SUNDEP Solidaires,
Catherine COUTURIER, Françoise DIBOUÈS, Emmanuelle GAUCHET pour la CGT-EP Bretagne
Isabelle MARTINS, Eric MOISAN pour le SYNEP CFE-CGC Bretagne
Stéphane LE GOFF pour le SNEP-UNSA

 

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